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Les Mammites

INTRODUCTION

La mammite est une maladie qui affecte un grand nombre de vaches laitières partout dans le monde. Un sondage réalisé dans l'ensemble des principaux pays producteurs de lait indique que la mammite de type clinique touche chaque année 15 à 20% des vaches (Phelps, 1989). On parle trop souvent de La mammite alors qu'on devrait plutôt parler Des mammites. C'est un atout pour le producteur laitier que de savoir distinguer les différents types de mammites et de connaître les conditions propices au développement des microorganismes qui en sont responsables car cela va déterminer les actions à prendre autant au niveau de la prévention que des traitements.

TYPES DE MAMMITES

Comme la mammite est une maladie qui s'exprime à divers degrés d'intensité et qui peut être provoquée par différents organismes, il existe tout un jargon qui se rapporte à la maladie :

  • Mammite subclinique :

Type le plus fréquent d’inflammation de la glande mammaire. La mammite subclinique ne peut être décelée par examen visuel, le lait et le quartier semblent normaux et elle est la plus grande cause de pertes économiques. L’infection subclinique peut guérir spontanément ou rester à ce stade plusieurs mois. Elle peut aussi s’aggraver, dans ce cas des signes visibles apparaissent et on parle maintenant d’un cas clinique.

  • Mammite clinique subaiguë (léger) :

Une forme d’inflammation de la glande mammaire caractérisée par certains signes cliniques bénins, dont la présence de grumeaux dans le lait. Ceux-ci sont des agglomérats de tissus, de leucocytes et de protéines. Dans plusieurs troupeaux les cas légers ne sont pas détectés car on ne recueille pas les premiers jets.

Mammite clinique subaiguë
  • Mammite aiguë :

Inflammation de la glande mammaire caractérisée par une apparition soudaine de fièvre de plus de 39C, de rougeur, d’œdème, de durcissement, de douleur. Le sujet manque d'appétit, il est faible et déprimé et la réduction de la production laitière baisse drastiquement.

  • Mammite suraiguë (très sévère) :

Type d’inflammation du pis accompagnée de signes systémiques incluant la dépression, un pouls rapide, la déshydratation et la diarrhée.

  • Mammite chronique :

Inflammation de la glande mammaire qui se prolonge durant une longue période de temps, plusieurs mois, voire plusieurs lactations accompagnée du développement progressif de tissu cicatriciel et d’une réduction simultanée de la production laitière.

  • Mammite estivale :

Type de mammite caractérisée par des sécrétions épaisses et malodorantes (pus) et habituellement causée par Actinomyces pyogenes et Peptococcus indolicus.

  • Mammite non bactérienne :

Inflammation mammaire pour laquelle les échantillons de lait ne permettent pas l’identification de microorganismes.

  • Mammite Contagieuse :

Mammite provoquée par des bactéries comme Staphylococcus aureus et Streptococcus agalactiae, dont les vaches infectées sont la source principale. Elle se transmet assez facilement d’une vache à l’autre, surtout au moment de la traite. Ce microbe cause souvent des Mammites chroniques.

  • Mammite Environnementale :

Mammite provoquée par des bactéries comme les coliformes (Escherichia. coli*, Streptococcus uberis), Leur présence est un indicateur de l’hygiène générale.. Ces microbes vivent le plus souvent dans le fumier, dans la litière souillée, l’eau sale et/ou non potable. Ils atteignent donc le trayon entre les traites. Ils se développent souvent plus rapidement que les microbes contagieux. Ce type de mammites dure souvent moins longtemps, mais elle est souvent plus sévère.

* Il se trouve dans le tube digestif des animaux à sang chaud tels que les bovins

  • Mammite Gangréneuse :

Le quartier affecté est bleu et froid au toucher. La décoloration progresse du bas vers le haut. Les parties nécrotiques tombent du corps. La vache en meurt souvent.

Voici un scénario typique qui mène à l'apparition d'une mammite.

  1. Contact avec le microbe: Le nombre de microorganismes s'accroît près de l'orifice (ou sphincter) d'un ou plusieurs trayons. C'est là que l'hygiène et les procédures de traite ont un rôle important à jouer pour éviter que ces microbes pénètrent le quartier.
  2. Entrée du microbe dans le trayon: Cette entrée peut être forcée par la machine à traire, surtout en fin de traite. Les trayons endommagés (blessures, kératine abimée à l'intérieur du trayon) ou trop ouverts vont être plus facilement envahis. C'est à ce niveau que l'ajustement des trayeuses et la prévention des blessures est critique.
  3. Réponse immunitaire de la vache: la première ligne de défense de la vache consiste à envoyer plus de globules blancs (leucocytes) pour éliminer les microbes qui ont pénétré dans le trayon. Si cette réponse est insuffisante, le microbe se multiplie et la vache montre d'autres réponses immunitaires comme la fièvre. L'efficacité du système immunitaire de la vache dépend d'un grand nombre de facteurs. A ce niveau aussi, le vacher peut faire beaucoup pour assurer une bonne réponse immunitaire.

FACTEURS QUI FAVORISENT LA MAMMITE

Le problème de la mammite est difficile à cerner. Il s'agit d'une maladie causée par une foule de facteurs.

facteurs environnementaux, génétiques, nutritionnels, physiques, éthologiques et humains.

Il est rarement possible d'attribuer à une seule cause l'apparition d'une mammite. L'hygiène de traite et l'alimentation, même pendant la période de tarissement, ressortent comme des facteurs importants.

Le comptage des cellules somatiques est une méthode pratique bien qu'imparfaite de détecter la mammite. Elle s'avère particulièrement utile au niveau du troupeau pour observer l'évolution à long terme. Au quotidien, l'examen visuel du lait et tactile du pis demeurent des méthodes de détection essentielles.

L'hygiène appropriée pendant la traite, la litière et l'espace suffisant pour l'animal, la réforme des sujets affectés à répétition et l'alimentation adéquate même pendant la période de tarissement, sont des moyens de prévenir les mammites.

Klastrup et al. (1987) évaluent que 25 % de la susceptibilité aux infections sont attribuables aux facteurs environnementaux, 20 % aux facteurs génétiques, et 50 % à la régie de troupeau.

Facteurs environnementaux

  • Climat

Le climat peut avoir une influence directe ou indirecte sur l'apparition de la mammite. L'exposition au froid intense, aux courants d'air, à une humidité excessive ou à une chaleur extrême prédispose à la mammite. Tout comme ils favorisent nos rhumes, on peut comprendre que des changements rapides de température seraient favorables à l'incidence de la mammite.

Un type particulier de mammite souvent appelée mammite estivale, est provoquée par des insectes qui contaminent le pis avec la bactérie Corynebacterium pyogenes et autres bactéries anaérobiques. La fréquence de ce type de mammite varie selon les régions, les vallées humides étant souvent les plus propices.

Le climat peut aussi avoir une influence indirecte. Par exemple, des conditions boueuses à l'extérieur provoquées par des pluies abondantes vont faire en sorte que certains microorganismes vont prospérer et donc augmenter les chances d'infection.

  • Stabulation

Le seul fait de garder les vaches à l'intérieur accroît l'incidence de la mammite. Lorsque les vaches sont à l'intérieur, les chances de blessures au pis augmentent. On rencontre aussi des microorganismes dont les populations sont généralement moins concentrées à l'extérieur. En Australie, où les vaches ne vont à l'intérieur que pour la traite, il est rare de voir des mammites causées par les coliformes.

Bien que la question soit souvent débattue, il semble que la mammite est moins fréquente en stabulation libre qu'en stabulation entravée. On pourrait penser que les mammites sont plus fréquentes dans les systèmes à stabulation libre parce que les microbes sont plus facilement transmis d'une vache à l'autre. Par contre, les vaches sont habituellement plus «heureuses» en stabulation libre, ont moins de chance de se blesser ou d'être en contact avec de la litière souillée et sont donc moins sujettes aux mammites.

  • Qualité de l'air à l'intérieur

Des courants d'air, beaucoup d'humidité et des changements fréquents de températures dans une étable sont des facteurs qui contribuent à la fréquence de la mammite.

  • Litière

Qu'on soit en stabulation libre ou en stabulation entravée, la litière a un rôle important à jouer dans l'incidence de la mammite. Lorsqu'on pense au lait mammiteux qui tombe par terre, à l'humidité qui favorise le développement microbien sur la litière et au fait qu'il est commun pour une vache de passer 14 heures sur 24 en contact avec la litière, on comprend facilement cette importance. Dans une expérience où des vaches étaient gardées avec ou sans litière, le taux de mammites était plus du double sans litière. De la litière insuffisante dans un élevage en stabulation libre, surtout dans un grand troupeau, peut mener à des situations graves dans le cas des mammites contagieuses.

  • Stress

Plus un animal subit du stress dans son environnement, moins son système immunitaire est efficace, et moins il résiste aux invasions microbiennes. Donc, plus il y a de stress, plus les chances de mammites augmentent (Giesecke, 1985). Voici quelques exemples de sources de stress:

  • Une densité excessive d'animaux. La proximité des vaches favorise les échanges microbiens et les relations tendues entre les animaux
  • L'irrégularité dans la régie, l'imprévisibilité du comportement du vacher
  • Le bruit peut être une cause de stress
  • Les tensions parasites
  • Facteurs génétiques

Il s'est fait beaucoup de recherches dernièrement sur l'influence des facteurs héréditaires sur la susceptibilité à la mammite. Les différentes races de bovins laitiers ne sont pas toutes également susceptibles à la mammite. Les grosses productrices ont plus tendance à être atteintes. La sélection dirigée uniquement vers la production laitière est sans doute un facteur important dans le fait que la fréquence des mammites soit plus haute. Selon différentes sources, les facteurs héréditaires comptent pour 12 à 20% dans la susceptibilité à la mammite dans une même race.

Au niveau génétique, il y a une corrélation entre le pourcentage de gras du lait et l'incidence de mammites cliniques. Plus une lignée de vache donne du lait gras, plus elle est susceptible aux mammites. Il est donc important de ne pas sélectionner seulement sur cette base.

  • Facteurs nutritionnels

Malgré plusieurs études sérieuses sur le sujet, les liens entre l'alimentation et la mammite soulèvent encore des interrogations dans les milieux scientifiques. Deux pratiques qui accroîtraient les risques de mammite sont les changements rapides dans l'alimentation et l'excès ou le déséquilibre des différentes composantes de la ration.

Facteurs physiques et éthologiques

  • Besoin du veau

On observe souvent qu'une vache qui a récemment vélé et qui est séparé de son veau, le cherche et l'appelle. On peut bien sûr débattre du fait que la vache vit alors une «émotion» pénible. Mais si on admet cette hypothèse, on pourrait être porté à croire que certaines vaches, qui vivent plus difficilement la séparation de leur veau, développent plus facilement des mammites.

  • Hiérarchie du troupeau

En stabulation libre ou au pâturage, il se crée une hiérarchie dans le troupeau. Il est possible que les dernières vaches dans la hiérarchie du troupeau, qui sont souvent harassées par les autres, aient plus tendance à développer des maladies. La stabulation libre a l'avantage d'établir clairement les relations hiérarchiques entre les vaches. Des vaches en stabulation entravées peuvent vivre comme un stress important le fait de se retrouver soudain dans un parc d'exercice où les relations ne sont pas claires entre les vaches.

DÉPISTAGE

Pour dépister la mammite, il faut d'abord apprendre à reconnaître les symptômes propres aux différents types d'infections mammaires Les principaux points à retenir sont les suivants:

  • Observer le lait:

l'examen routinier du lait à l'aide d'une tasse filtre, utilisée pour extraire les trois premiers jets avant le début du lavage (avant la traite), est sans doute la pratique la plus valable dans le dépistage de la mammite. Il faut surveiller la présence de grumeaux, de caillots, de sang, etc. Un lait plus chaud que normal peut être une bonne indication d'une infection par les staphylocoques dorés.

  • Palper le pis:

surtout après la traite, il est facile de détecter la présence d'enflures, de tissus fibreux, durcis ou blessés.

  • Être attentif aux autres signes plus évidents: fièvre, rougeurs, etc.

Comme les symptômes sont souvent absents, surtout dans le cas des mammites infracliniques, cliniques subaiguës ou chroniques, on ne peut, au mieux, que repérer la moitié des cas de mammites par l'observation. Certains tests peuvent donc aussi être utiles.

MESURES PRÉVENTIVES

  • Procédure de traite

Il est important de veiller à la propreté dans les méthodes de traite pour éviter de propager les germes ou de les laisser se développer. L'hygiène a pour but de prévenir la transmission des microbes d'un trayon à l'autre sur la même vache ou d'une vache à l'autre.

  • Lavage du pis

Le lavage du pis a un but hygiénique et un effet stimulatoire sur la montée laitière. Un lavage adéquat est important surtout pour prévenir les mammites environnementales, celles causées par les coliformes et autres microbes des environnements contaminés. Un lavage de pis mal fait contribue à transmettre les microbes plutôt qu'à les détruire.

  • Pré-traite

De tirer un peu de lait à la main avant la traite mécanique permet de stimuler la montée laitière et de prélever le lait avec un haut compte microbien. On utilise une tasse-filtre pour détecter le lait d'apparence anormale (grumeaux, etc.).

  • Ordre de traite

Il est important de traire les vaches qu'on sait infectées en dernier. Si possible, on trait dans l'ordre:

  • les vaches de première lactation
  • les vaches normales
  • les vaches avec un haut comptage cellulaire
  • les vaches infectées
  • Autres mesures pendant la traite

Il est important de traire deux fois par jour, même les vaches qui produisent peu. Plus le lait reste longtemps dans le pis, plus les risques d'infection sont grands. Il ne faut pas jeter le lait des premiers jets par terre afin de ne pas contaminer litière et plancher.

  • Bain de trayon d'après-traite

Le bain de trayon désinfectant après chaque traite est une mesure qui permet de diminuer d'environ 50% les risques d'infection par des microorganismes contagieux comme les staphylocoques dorés. Grâce au bain de trayon, les populations de ces microbes ne peuvent pas se développer suffisamment entre chaque traite. Le bain de trayon permet également d'éloigner les mouches.

Il est important que le bain de trayon contienne jusqu'à 10% de substances bénéfiques à la souplesse des tissus des trayons: huiles, glycérine, lanoline. Une peau souple et en santé est une assurance de plus contre l'entrée des bactéries dans le pis. Les staphylocoques dorés ne persistent pas sur une peau saine.

  • Nettoyage de l'équipement de traite

Il est bien sur important de nettoyer et désinfecter l'équipement à chaque traite à l'acide phosphorique et au chlore.

Hygiène et sécurité

  • À l'intérieur

Une litière abondante évite les blessures au pis, limite l'exposition au plancher froid et humide et permet de limiter le contact du pis avec le fumier. Il est mieux de mettre un peu de litière souvent que beaucoup peu souvent.

Il est important d'éviter que les vaches se fassent des blessures au pis. On veillera à ce que les planchers ne soient pas glissants lorsque les vaches sortent de l'étable. Il est bon de désinfecter l'étable deux fois l'an.

  • A l'extérieur

Il faut éviter la présence de trous de boue autour des bâtiments ou dans tout endroit où les vaches ont accès. Dans le même ordre d'idée, on doit s'assurer que les points d'eau à l'extérieur ne deviennent pas des bourbiers en les plaçant sur des sites élevés ou en faisant une plate-forme de gravier ou de béton sous l'abreuvoir.

On doit s'assurer qu'il n'y a pas de fil de fer barbelé qui traîne ou qui soient exposés et sur lesquels les vaches pourraient se blesser au pis.

On doit éviter la surpopulation dans l'étable et au champ, surtout en stabulation libre. La surpopulation augmente le stress imposé aux animaux et accroît les risques de transmission des mammites contagieuses.

Réforme et remplacement

  • Remplacement:

Ne pas acheter d'animaux infectés. Les faire tester avant l'achat et examiner le pis. Il vaut mieux acheter seulement des génisses (les génisses n'ont genéralement pas de mammites) ou encore mieux, produire soi-même ses sujets de remplacements. En tout cas, il faut éviter que les génisses se fassent téter car cela brise le seau des trayons et favorise donc l'intrusion des microorganismes pouvant causer de la mammite au vêlage.

  • Réforme:

Réformer les animaux trop atteints ou atteints à répétition de mammites contagieuses. Les vaches avec des trayons endommagés qui ne guérissent pas devraient être placées au haut de la liste des sujets à réformer. Elles ont jusqu'à 10 fois plus de chances de faire une mammite. Les vaches qui gardent un haut comptage à toutes les lactations sont aussi à réformer.

Conclusion : La mammite, sous toutes ses formes, est une maladie à prendre au sérieux. Dans tous les cas, il est important de consulter au plus vite un vétérinaire s'il n'y a pas d'amélioration rapide.

La société Agrygiène service vous propose toute une gamme de produits de prévention des mammites et d'hygiène de salle de traite :

Bibliographie :

Giesecke, W.H. 1985. The effect of stress on udder health of dairy cows. Onderstepoort Journal of Veterinary Research, 52:175-193.Klastrup, O., G. Bakken, J. Bramley et R. Bushnell. 1987. Environmental influences on bovine mastitis. Bulletin of the international dairy federation, n217, 37 pages.
Phelps, A. 1989. Survey shows global extent of mastitis incidence, costs. Feedstuffs, 61(41):11.






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